CHAPITRE X
On me touche l’épaule et je me réveille. En sursaut. Il me faut quelques secondes pour réaliser… où je suis d’abord… et le reste. Martine Danguerro se tient au pied de mon lit.
Elle a allumé la lampe de chevet, car la nuit est tombée. Je me dresse.
— J’ai dormi longtemps ?
— Assez.
En tout cas, je me sens tout à fait reposé.
— Kalbach est arrivé en compagnie de Destrol, m’annonce Martine. Pour le moment, ils sont en conférence avec Martha.
— Et alors ?
— Martha pense qu’il faut profiter de l’occasion. Kalbach doit passer la nuit ici. Destrol a été mis au courant. Il dispose d’une vingtaine d’hommes sûrs. Ça devrait suffire pour l’opération que vous envisagez.
— Destrol m’accompagnera ?
— Oui. Je vous ai apporté des armes.
Un désintégrateur et un pistolet thermique plus efficace que celui à balles. Je me lève et je les glisse dans les étuis de mon ceinturon. Martine reprend :
— Les hommes de Destrol attendent sur la plage avec deux hélicobulles. Je vais vous conduire. Destrol vous rejoindra dès que la conférence sera finie.
— Et Sila ?
— Elle n’est pas encore réveillée, et il vaut mieux la laisser dormir. Destrol ne vous ayant jamais vu, Kalbach ne se méfiera pas lorsqu’il partira. Je ferai descendre Sila juste à ce moment-là, et elle dira que vous reposez toujours.
Un scénario bien réglé. Je boucle mon ceinturon.
— Quand vous voudrez, Martine.
— Venez.
Nous longeons toute une série de couloirs qui aboutissent à une petite porte basse donnant sur le jardin. Martine me précède. Il fait doux et tiède dans le jardin. Le silence n’est rompu que par le bruit sourd de la mer.
— Vous avez des nouvelles de Gordien et d’Erskine ?
— Ils sont prisonniers. Au centre de répression.
— On ne leur a pas fait de mal ?
— Soyez tranquille. Tous les gardiens ont été remplacés par des égalitaires qui n’obéissent qu’aux ordres de Destrol.
— J’avais peur que Kalbach…
Elle secoue la tête.
— De toute façon, il n’aurait pas osé toucher à Gordien et à Erskine. Pas avant d’être certain de conserver le pouvoir, en tout cas.
— La garde a cessé toute résistance ?
— Sauf dans les campagnes où elle se réorganise. La conférence de cette nuit doit décider s’il y a lieu de traquer les survivants. Kalbach veut les faire détruire par tous les moyens, mais Destrol estime que ce serait une erreur.
Nous arrivons sur la plage où attendent les deux hélicobulles. Pas tellement rassurants, ces égalitaires, d’autant plus qu’ils sont armés jusqu’aux dents. Ils forment un groupe hétéroclite qui nous entoure tout de suite.
En tout cas, ce sont des gens disciplinés. Dès qu’ils ont reconnu Martine, ils se mettent à notre disposition et me conduisent dans le premier hélicobulle où ils me laissent seul.
Martine regagne la maison.
Je ne m’étais pas trompé dans mes suppositions. Tout s’est bien passé comme je l’ai imaginé. Argan se méfiait de ses complices et, quand il a senti qu’il n’en avait plus pour longtemps, il a pris, ou a cru prendre, toutes ses précautions.
Il avait parlé de moi à Martha en pensant qu’elle mettrait pas mal de temps avant de me retrouver, et il l’avait prévenue que je ne serais pas en mesure tout de suite de le remplacer.
Jusqu’à ce que Martha le mette au courant, sans doute après le coup de force, Kalbach ignorait mon existence, et c’est pour cela qu’après Desvronay, il a essayé de s’emparer d’Argan dans l’espace.
Pour lui arracher son secret. Ouais… Ce qui me surprend, c’est qu’il ait laissé Argan s’embarquer pour Deneb sans rien tenter contre lui. Pourquoi, a-t-il attendu ?
Ignorant que le professeur avait laissé quelqu’un pour le remplacer, il devait croire que tout était perdu puisque l’expérience de survie ne devait se terminer que dans un siècle.
Pourquoi cet atermoiement ? D’autant plus que ça lui aurait été facile. Il a certainement eu mille occasions de s’emparer d’Argan puisque les techniciens qui s’occupent du cerveau sont des hommes à lui.
Il y a là une anomalie difficile à comprendre. En tout cas, une fois devant le cerveau électronique, je sens que je comprendrai immédiatement comment il fonctionne et je suis persuadé de pouvoir remplacer le convertisseur d’ondes sans difficulté.
Cela tient à la nature du barrage mental dont Argan m’a pourvu. Seulement, si je remplace le convertisseur, ce sera pour le compte de qui ? Evidemment, je partage toutes les idées du professeur sur l’hégémonie indispensable de Terre O, mais qui m’aidera à les réaliser ?
Ce qu’il faut, c’est qu’avant de remplacer le convertisseur je sois certain d’être seul à disposer du cerveau électronique. Pour tenir en main tous les fils du complot.
Kalbach, Destrol, Danguerro et Allard ne pourront plus agir qu’avec mon accord. Le tout est de savoir s’ils se laisseront faire.
Une rumeur sur la plage. Je branche un des écrans de visibilité. Destrol vient d’arriver. Toujours dans son uniforme d’officier de la garde spatiale marqué de l’initiale E.
Il donne ses ordres, et je vois les égalitaires s’embarquer dans le second hélicobulle pendant que les portes du mien coulissent.
— Ravi de vous connaître, Horner.
Main tendue, Destrol avance vers moi. Seul. Aucun de ses hommes ne l’accompagne. Un peu surpris, je lui serre la main, et il ajoute :
— Ça vous surprend que je ne me sois pas fait accompagner. Nous avons à parler, et ce que nous avons à dire ne regarde personne.
Il n’a plus cet air un peu gourmé qu’il prend lorsqu’il parle devant les caméras. Son visage est moins tourmenté, et un sourire ironique adoucit la brutalité de ses traits.
Assis aux commandes, il lance l’hélicobulle, et nous prenons de l’altitude immédiatement.
— J’ignore l’opinion que vous pouvez avoir de moi, dit-il. Les égalitaires sont assez mal vus d’une façon générale. Je suis un ancien acteur, mais je n’ai pas réussi comme ma sœur. Du coup, je me suis retrouvé dans un centre disciplinaire où j’ai découvert que j’exerçais un véritable ascendant sur certains hommes. C’était sans espoir, mais, de toute façon, la société ne voulait plus de moi. Sans Argan, il y a longtemps que je me serais fait prendre.
— Argan vous a aidé à créer le parti des égalitaires ?
— Disons à l’organiser. Il avait besoin d’une force pour exercer ultérieurement une pression sur la garde spatiale. L’idéal, pour lui, c’était une force composée d’extrémistes. C’est pour cela que nous avons exhumé de vieux slogans qui n’ont plus cours aujourd’hui.
— Il n’envisageait pas de vous faire prendre le pouvoir ?
— Il n’était pas fou. Kalbach, c’est autre chose. Il a une âme de despote.
— Et vous, en tant qu’égalitaire, qu’espériez-vous d’Argan ?
— Mes hommes sont des asociaux. Dans le passé, on les envoyait dans les galaxies périphériques où ils devenaient des pionniers. Aujourd’hui, toutes les planètes lointaines ont acquis leur indépendance et elles ne veulent plus de nous.
Son œil se durcit.
— Elles ne veulent plus de nous et elles nous empêchent d’aller plus loin.
— Car vous vous heurteriez à des civilisations non humaines.
— Nous sommes prêts à les combattre.
— Oui… Mais ce n’est possible qu’en mobilisant de formidables moyens qu’aucune planète ne peut réunir toute seule.
— C’est pour cela qu’Argan voulait les fédérer toutes sous l’égide de Terre O.
Oui. Cette union de toutes les planètes peuplées de Terriens est indispensable. Elle se fera certainement un jour, mais seulement lorsque la menace des non-humains sera devenue une réalité, et après quel recul ? quels désastres ?
Une brusque angoisse me prend. Il faut absolument que je réussisse à neutraliser Kalbach. Pour imposer aux Terriens une conscience galactique… Pour l’imposer par la force, car les hommes refusent toujours de tenir compte d’un danger avant d’en subir les conséquences.
Et le danger des non-humains ne se manifestera pas avant des siècles. Je les connais, ces civilisations non humaines. Par rapport à nous, ce sont uniquement des forces de destruction en marche. Des civilisations monolithiques à conscience collective qui transforment les planètes pour les adapter complètement à leurs besoins.
— Nous sommes loin d’Euro VII ?
— Pas très. Nous serons bientôt en vue de la ville.
— Qu’avez-vous finalement décidé en ce qui concerne les éléments de la garde qui tiennent la campagne ?
— Kalbach a décidé de les anéantir. Il n’y a pas eu de discussion. Il a imposé sa volonté, et nous ne pouvions pas lui résister, car il s’était fait accompagner par trois robots destructeurs.
Euro VII se profile déjà sur les écrans de visibilité lorsque je signale à Destrol :
— Appel au visiophone.
Il l’a remarqué comme moi, et, dès qu’il a branché, nous apercevons Danguerro.
— Kalbach a découvert que Horner a pris la fuite, dit-il, mais il s’imagine qu’il s’est embarqué sur une des vedettes de la plage. Pour le moment, il dirige les recherches en mer.
Un cri de surprise nous échappe. Derrière Danguerro, nous apercevons subitement Serge Allard suivi d’un robot de police.
— Attention !
Danguerro se retourne, mais Allard fait signe au robot qui braque un paralyseur. Nous voyons Danguerro se crisper, puis se raidir, et Allard avance jusqu’au micro dans lequel il hurle :
— Rentrez immédiatement, Destrol… C’est un ordre.
— Ordre de qui ?
Le chef des égalitaires a un bref ricanement, et Allard lance :
— Obéissez, où je lance les robots après vous.
— Dans ce cas, gare aux égalitaires, Allard.
D’un geste sec, il coupe le contact, puis il se tourne vers moi, le front barré d’un pli soucieux.
— Envie d’obéir, Horner ?
— Ce serait un suicide.
— Résister aussi…
— Seulement, nous aurons tenté quelque chose.
— D’accord. Je vais essayer de les tromper en envoyant les deux hélicobulles au bloc 54 où se trouve mon quartier général.
Immédiatement, il amorce la descente et nous plongeons vers le sol.
— Vous me plaisez, Horner. On ne sait pas d’où vous sortez, mais Argan vous a bien choisi. C’était un vieux birbe, Argan, mais il avait un sacré cran… Souvent, je lui ai dit de se méfier de Kalbach. Chaque fois, il riait en me répondant qu’il ne risquait absolument rien. Et jamais Kalbach n’a osé se dresser contre lui. Je me demande pourquoi.
— Moi aussi.
Nous nous posons sur l’autoroute, suivis de l’hélicobulle transportant les vingt hommes du commando.
— Je m’arrêterai à la première plate-forme de dégagement, m’annonce Destrol.
Pas un chat sur la plate-forme.
— Toute la population est consignée chez elle, m’explique Destrol. Il y a eu quelques mouvements de foule, mais les robots de police les ont rapidement dispersés. Pour le moment, tout le monde a peur, mais demain les gens voudront sortir.
— Et il n’y a plus de services de sécurité ?
— Si, mais réduits à leur plus simple expression. Une poignée de fonctionnaires subalternes se sont ralliés, mais c’est insuffisant. Nous n’étions pas prêts, nous n’avions rien prévu.
— Comment Kalbach espère-t-il s’en tirer, alors ?
— En faisant régner la terreur.
Les deux hélicobulles qui nous ont amenés s’éloignent. Il n’y a qu’eux que les détecteurs puissent repérer à distance, et cela nous donne une chance. Destrol divise son commando en trois groupes qui gagneront le bloc 34 séparément en empruntant les trottoirs roulants de l’étage intermédiaire.
— Tout va dépendre de Kalbach. S’il oublie de prévenir les techniciens qui gardent la fabrique, nous pourrons bénéficier d’un effet de surprise…
— Il y a certainement pensé.
— J’en ai peur. A la fabrique, de toute façon, tu me laisseras entrer seul. Je prendrai cinq hommes avec moi. Si tout se passe bien, j’aurai maîtrisé les techniciens avant qu’ils ne puissent faire intervenir les robots.
— Ils ne sont pas nombreux ?
— Dix en tout.
Le trottoir roulant nous emporte. Destrol me précède et, tout à coup, je me souviens de lui également. Lui aussi je le connais. J’en ai la brusque sensation. Je l’ai déjà vu avec cet œil brillant et cet air décidé.
— L’année dernière… vous avez accompagné Argan sur Argros ?
— Oui. Pourquoi ?
— Sur Argros, vous avez dû me rencontrer.
— Non, mais je ne suis jamais entré dans le laboratoire.
— Moi, par contre, je suis certain de vous avoir vu.
Il secoue la tête.
— Pas directement. Vous avez dû me visionner. Chaque fois que j’avais une entrevue avec Argan, il branchait des écrans.
— Oui. Ça doit être cela. Argan me cachait à tout le monde.
Le bloc 34. Il n’est pas conçu comme ceux d’habitation. Sous l’arcade couverte qui le ceinture, pas de boutiques, mais des bâtiments plus larges, sans fenêtres, donnant sur l’extérieur.
Ces bâtiments se dressent sur une dizaine d’étages, puis quatre étages de bureaux, deux de magasins et, tout en haut, ceux d’habitation. Une partie de notre commando de choc s’est regroupée devant le poste des services de sécurité.
C’est un égalitaire nommé Dernon qui le commande. Il nous annonce qu’il a fait garder toutes les issues de la fabrique à l’intérieur du bloc. Si les techniciens essayent de sortir, ils seront immédiatement appréhendés.
De plus, tous les robots du poste ont été désamorcés par surprise.
— On ne se méfie encore de rien dans la fabrique ? demande Destrol.
— Ça n’en a pas l’air, répond Dernon.
Avant de quitter la plage de la propriété de Martha, le chef des égalitaires avait alerté toutes ses sections et, apparemment, il tient ses hommes bien en main.
— A la grâce de Dieu, Horner. Si j’échoue, donne l’ordre d’attaque générale. Pas de quartier, et méfiez-vous des robots.
Je le regarde s’éloigner avec quatre de ses hommes, et je reste avec le commandant du poste des services de sécurité.
Si je comprends bien, dit-il, Kalbach et Allard cherchent à supplanter Destrol ?
— Oui.
— Ce n’est pas souhaitable.
Je lis une sorte de crainte désespérée dans son regard.
— Qu’est-ce que vous attendez de cette révolution ?
— Ma réhabilitation. Je n’ai jamais pu me plier à la discipline des corporations, alors on m’a rejeté. Les corporations nous offrent une vie sans aléas, la sécurité et le confort, mais, en contrepartie, nous devons abdiquer toute personnalité.
— A toutes les époques, les hommes ont eu à choisir entre la liberté et le confort. Il y a des générations qui se résignent et d’autres qui se révoltent. C’est l’histoire du monde.
— La génération actuelle se résigne. Dans sa grande majorité, en tout cas. C’est pourquoi j’ai une plaque d’identité d’asocial. Je suis un paria. A une autre époque, j’aurais pu être un héros. Est-ce juste ?
— Les lois sont toujours faites en fonction d’une organisation sociale. Ce n’est pas une question de justice.
J’attends anxieusement le signal que Destrol doit me donner et, brusquement, je vois sortir de la fabrique deux hommes affolés. Ils se mettent à courir dans ma direction, puis Destrol lui-même débouche sous l’arcade et se retourne pour balayer l’entrée d’un jet de son pistolet thermique.
Dégainant le mien, je m’apprête à le rejoindre pour lui prêter main forte, mais lui aussi reflue et me fait signe de gagner le hall de la plate-forme de dégagement dans lequel ses hommes se sont déjà engouffrés.
— Les robots, me crie-t-il. Il n’y a rien à faire. On m’attendait.
De nouveau, il appuie sur la détente de son arme. L’entrée bétonnée de la fabrique se met à noircir. Dernon nous rejoint.
— Vite ! ordonne Destrol.
Nous nous précipitons dans le hall où les deux égalitaires qui nous ont précédés ont appelé l’ascenseur. Le temps d’embarquer, et Destrol appuie sur le levier de descente avant d’essuyer son front couvert de sueur.
— Kalbach les avait prévenus et ils avaient deux robots en batterie. Je ne sais pas encore comment j’ai pu échapper à leurs paralyseurs. Je les ai arrosés tous les deux, mais il y en avait d’autres qui arrivaient.
L’ascenseur stoppe à l’étage des hélicobulles, et Dernon nous conduit tout de suite à celui des services de sécurité. Il est gardé par un robot qui se met immédiatement en rapport avec son relais.
Nous voyons clignoter ses lampes, mais Destrol ne lui laisse pas le temps d’obtenir une réponse. Il le foudroie d’un jet thermique, et nous embarquons. Dernon s’installe au poste de pilotage.
— Où allons-nous ?
— Bloc 54.
Tourné vers moi, le chef des égalitaires ajoute :
— J’espère que Kalbach n’a pas encore donné l’ordre d’attaquer mon quartier général. Nous allons tous rentrer dans la clandestinité. Une forme de lutte dont nous avons l’habitude. En même temps, nous prendrons contact avec les éléments de la garde spatiale qui tiennent la campagne.
— Pour attendre que le convertisseur s’arrête de lui-même ?
Ce n’est pas une solution, mais pour le moment je n’en ai pas d’autre à proposer et je suis obligé de suivre le mouvement, la débâcle.
— Ce qui m’ennuie le plus, murmure Destrol, c’est que Martha est prisonnière et Danguerro aussi…
Sila aussi… Kalbach risque de se servir de ses otages contre nous. En menaçant d’exécuter les deux femmes, il peut nous obliger à nous rendre. Qu’est-ce que je ferais ? Et Destrol ? Pour lui, il s’agit de sa sœur… et pour moi, de la femme que j’aime.
Car je l’aime. Je le réalise brusquement.
— Nous ne pouvons rien tenter pour les délivrer ?
— Si je récupère suffisamment de monde, nous pourrons essayer un coup de main sur la propriété au bord de la mer…
Il n’y croit pas beaucoup…, moi non plus.
Bloc 54. Nous ne nous arrêtons même pas en voyant des robots qui ont pris position aux abords de la plate-forme de dégagement. Destrol jure entre ses dents et hurle :
— Fonce…
Dernon fait donner le maximum à notre véhicule, et le fluide paralysant nous manque de peu. Nous filons vers une sortie donnant sur l’autoroute du Nord… Le commencement de la fin.
— Ça va mal.
Avec un sourire, Destrol me répond :
— Ça pourrait être pire. Kalbach doit savoir que tu es avec moi.
— Et alors ?
— Ça nous donne une petite chance.
— Pourquoi ?
Son brusque tutoiement me paraît tout naturel, vu la situation. Il me tape sur l’épaule.
— Toi, il est obligé de te prendre vivant. Nous, par contre, nous n’avons pas de ménagement à attendre.
Un sourire cruel joue sur ses lèvres, mais je n’ai pas le temps de lui répondre, car Dernon annonce :
— On nous poursuit.
L’œil de Destrol lance un éclair, et il se dirige vers l’arrière de l’hélicobulle. Je le suis. Il dégage les armes du bord, et je le vois braquer un désintégrateur, puis régler la hauteur de son tir sur l’écran de visibilité.
Trois hélicobulles nous poursuivent. Destrol tire, et le premier s’efface en pleine vitesse. Le temps pour lui de prendre un nouveau point de mire, et un second hélicobulle disparaît alors que le dernier freine désespérément.